Nathalie DEJOUR, Consultante en géomatique
Bonjour Mme Dejour, en tant que Consultante en géomatique, pouvez-vous nous expliquer ce que vous faites ?
J’accompagne les collectivités territoriales et les services de l’Etat dans le domaine des Systèmes d’Information Géographique (SIG). Je conseille les décideurs et les élus dans la mise en oeuvre ou l’évolution de leur SIG, tant sur le plan technique qu’organisationnel. L’assistance à maîtrise d’ouvrage représente 95% de mon activité. Je peux également apporter ponctuellement un soutien technique à des bureaux d’études qui n’ont pas de compétences en géomatique, en réalisant des cartes. Cela relève plutôt
du périmètre d’un technicien SIG mais cela me permet de garder un pied dans le concret en manipulant logiciel et données, ce qui est très utile pour garantir le succès d’un projet de SIG.
Concrètement, en quoi consiste l’assistance à maîtrise d’ouvrage ?
J’analyse les besoins, je réalise un diagnostic de l’existant, j’établis des préconisations, je propose des scénarios, je rédige des dossiers de consultation des entreprises et j’analyse des offres. Je peux aussi être amenée à assurer le suivi de la mise en oeuvre du projet, aider mes clients à recruter de nouvelles compétences ou accompagner le changement induit par de nouvelles méthodes de travail.
"Le conseil représente 95% de mon activité
et la production de cartes moins de 5%.”
Pourquoi ces collectivités font-elles appel à vous ?
La mise en place d’un SIG revêt des enjeux stratégiques et opérationnels, tant au niveau matériel qu’organisationnel ou humain. L'intervention d'un consultant indépendant permet d'apporter un regard objectif, de fournir un soutien logistique, d'accompagner la mise à niveau des connaissances et compétences, et de proposer des solutions pour conduire le changement.
La géomatique, le SIG, en quoi ça consiste exactement ?
La géomatique est à la croisée de l’informatique, de la gestion des données et de la cartographie. Un SIG permet d’organiser des données collectées sur le terrain, de les analyser et d’en faire des cartes. On compare souvent le SIG à une voiture : l’infrastructure informatique serait la carrosserie, le logiciel le moteur, les données le carburant ; le chef de projet SIG en serait le conducteur, les élus et les décideurs, les passagers qui donnent le cap et le technicien SIG, le mécanicien qui garantit le bon fonctionnement et la sécurité du véhicule. L’AFIGÉO (Association Française pour l’Information GÉOgraphique), a publié en 2013 un guide pratique « devenir, former, recruter un géomaticien » . C’est un ouvrage collectif qui est toujours d’actualité.
Qu’est-ce qui vous est le plus important dans votre métier ?
Je pense que les SIG sont très utiles, à la fois pour comprendre un territoire et le faire évoluer : les cartes permettent de visualiser où vivent les gens, où ils travaillent, comment ils se déplacent, quelles sont les zones naturelles à préserver, etc. À partir d’une cartographie de la situation actuelle, on peut imaginer le futur. Pour moi, c’est un outil d’aide à la décision indispensable aux élus locaux, qui peut aussi favoriser la démocratie participative, en servant de support au débat avec les habitants.
Qu’est-ce qui vous fait vous lever le matin ?
J’ai la chance de pratiquer un métier qui évolue très vite, tant sur le plan technologique (notamment avec l’IA et le Big Data) que réglementaire (notamment avec l’opendata) : on ne s’ennuie jamais, il y a toujours quelque chose à apprendre ! En tant que consultante, je suis amenée à rencontrer des gens aux profils variés, du technicien à l’élu, en passant par le chef de service. Chacun a ses missions et ses objectifs propres. Ma mission, c’est d’apporter des réponses aux questions qu’ils se posent en matière de
géomatique. C’est très gratifiant de voir qu’on a pu contribuer à résoudre leurs problèmes !
Est-ce que, 22 ans après vos débuts, cela vous plaît toujours de faire de la géomatique ?
Oui certainement ! La géomatique m’a permis de découvrir tous les métiers des collectivités territoriales : de la voirie à l’économie, en passant par la gestion des espaces verts, la collecte des déchets, l’éclairage public, l’assainissement, l’alimentation en eau potable, la gestion des risques, la protection de l’environnement, l’énergie, l’aménagement urbain, l’action sociale... Cela m’a bien aidé quand je suis devenue élue locale ! C’est passionnant de pouvoir visualiser tout un monde sur une carte : en y reportant des
informations réelles, on peut y lire toute son histoire.
“Dans notre milieu, on dit qu’une carte vaut mille mots,
et c’est mieux qu’un long discours !”
Pour le mot de la fin, est-ce qu’une personnalité vous inspire dans votre métier ?
À mes débuts de consultante, j’ai eu la chance de rencontrer Henri Pornon. Aujourd’hui retraité, il a été un des précurseurs dans le conseil en géomatique et a publié plusieurs ouvrages sur les SIG. Sans le savoir, il a un peu été mon mentor car il a beaucoup parlé de l’aspect stratégique et organisationnel des SIG,
au-delà de ses seuls aspects techniques. Et je me rends compte que nous avons plusieurs points communs : comme lui, j’ai été administratrice de l’AFIGEO, je suis devenue élue locale… et je suis adhérente à Cinov Digital.
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Découvrez les autres portraits :
- Angélica Calvet, Consultante en développement des organisations
- Nathalie DEJOUR, Consultante en géomatique
- Jean-Christophe DEPERRAZ, Directeur commercial associé
- Jean-Paul EUTROPE, entrepreneur dans la direction des systèmes d’information
- Hervé HALBOUT, Consultant en système d informations géographiques
- Michel Lesty, Data analyst
- Guy MORDRET, Biologiste et Dirigeant de TPE
- Denis PETIT, physicien, thermicien et informaticien
- Marie Prat, Consultante en digital learning
- Gabriel Zo-Hasina RASATAVOHARY, Directeur général et agent de talents
- Rémi Voluer, Gérant et business angel